Technique d'impression et mots
Caxton a un autre souci : un livre manuscrit est justifié à gauche et à droite par la main du copiste, ce qui est difficile à réaliser avec une presse. Les caractères métalliques ont une taille fixe, on peut jouer un peu des espaces entre les mots, mais si on veut finir aligné à droite, ça donne vite un aspect étrange à la ligne, qui se trouve pleine de trous. Il y a un autre moyen de remédier à ce problème, à cette époque où l’orthographe n’est pas encore fixée : faire varier la graphie des mots. Besoin de plus ou de moins de place ? Écrivez pity (pitié, dommage), ou pitty, ou même pittye, avec un e muet à la fin. Ou, dans l’extrait du dessus, then transformé en thenne. L’esthétique de la page compte finalement plus que l’orthographe.
Nicolas Morin, Eggys ou eyren ?, https://www.nicomo.io/cuisine/eggys-ou-eyren/
Cas intéressant — et très bien raconté par Nicolas Morin —, de l’influence des contraintes techniques sur le contenu. À des fins de simplification de mise en page dûe à des contraintes de fabrication, les mots sont modifiés, voilà une idée de William Caxton qui n’est pas si éloignée de certaines techniques du web.