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2022-02-12

Vim : l'écriture dans l'écriture

Vim est un éditeur de texte libre pour les machines sous Unix. Très différent des éditeurs de texte modernes comme Sublime Text, Atom, VSCode ou d’autres, c’est un environnement d’écriture qui demande un certain temps d’apprentissage. C’est aussi un outil d’édition qui est particulièrement configurable et personnalisable.

La première chose étonnante après quelques minutes à utiliser Vim, c’est le fait qu’écrire — inscrire, structurer, modifier, déplacer, signifier — nécessite une autre écriture. Par exemple pour enregistrer un fichier, il ne faut pas utiliser les options du logiciel comme un bouton “Enregistrer” ou un raccourci CTRL+S, mais écrire une commande : :w. Mais pourquoi ne pas passer par une action a priori plus simple ? Chaque option (enregistrer, quitter, ouvrir un fichier, copier un fragment, supprimer une ligne, etc.) passe par une commande écrite.

Le texte tapé dans Vim est donc forcément accompagné d’un paratexte (Citation: , ) (). Seuils. Éditions du Seuil. , ici numérique (Citation: , ) (). Paratexte numérique : la fin de la distinction entre réalité et fiction?. Cahiers ReMix, 1(5). Consulté à l’adresse https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/handle/1866/12922 , qui n’est pas limité à l’espace de la page ou à un objet clos comme le livre. Un texte à côté du texte mais nécessaire à son existence. Un texte néanmoins invisible, qui, une fois inscrit, est voué à disparaître de l’écran et du fichier. Mais la commande reste inscrite dans deux endroits : dans la mémoire de la personne qui écrit — c’est aussi une écriture —, et dans l’historique des commandes de Vim — dans lesquelles il est possible de naviguer. L’écriture dans l’écriture ? Non, c’est une écriture globale.

Je comprends mieux pourquoi j’apprécie d’écrire les commandes Git lorsque je travaille sur un projet d’écriture versionné avec Git : je double mon écriture, et j’apporte autant d’importance au texte qui sera le résultat final lisible par moi ou d’autres, et ce paratexte qui accompagne ce texte, qui est même sa condition d’existence.

Genette (2002)
(). Seuils. Éditions du Seuil.
Vitali-Rosati (2015)
(). Paratexte numérique : la fin de la distinction entre réalité et fiction?. Cahiers ReMix, 1(5). Consulté à l’adresse https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/handle/1866/12922